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Lyoz BANDIE
Théodore BAUTHIER
Bénédicte BLONDEAU
Aliki CHRISTOFOROU
Aurélien GOUBAU
Marcel TOP

archipel_0

27 janvier - 19 mars 2023

archipel_0

Le projet «archipel» inaugure la nouvelle programmation artistique de Contretype, qui redynamise ainsi sa mission de soutien aux jeunes artistes-auteurs dans le champ de la photo et de l’image. Pour «archipel_0», 6 artistes émergent.e.s sélectionné.e.s par un comité d’expert.e.s présentent chacun.e un accrochage de leurs recherches récentes. Un.e lauréat.e sera invité.e en résidence à Contretype en 2024.

L’image grand angle

Le centre d’art Contretype, consacré à la photographie depuis sa création en 1978 par Jean-Louis Godefroid, ouvre en 2023 une nouvelle période de son histoire. Son projet demeure inchangé : soutenir et diffuser la création photographique. Mais la photographie – qui est toujours considérée en Belgique comme un art plastique alors qu’elle relève plutôt des arts visuels – doit être pensée aujourd’hui comme appartenant au vaste champ de l’image contemporaine, c’est-à-dire un champ d’expression qui réunit des pratiques et des approches diverses, allant de la photographie documentaire à des démarches où l’image est conçue comme une mise en scène davantage que comme une représentation fidèle du réel, et jusqu’à l’image en mouvement de la vidéo voire du cinéma. Car la diversité actuelle des modes de production comme des fonctions des images, ainsi que des environnements sociaux et économiques au sein desquelles elles émergent, et leur prolifération, ont brouillé les limites des catégories artistiques historiques. Comme elles ont rendu obsolètes les orthodoxies. Si l’on considère que l’image en mouvement, plus encore que la photographie, a certainement été l’art qui a reflété le plus justement les mutations de la modernité et du XXème siècle, on doit aujourd’hui, pour le moins, embrasser l’image dans toute sa multiplicité pour appréhender une époque où les réalités sont démultipliées, largement numériques et de plus en plus virtuelles. Il est de la responsabilité de tout acteur culturel qui joue un rôle de passeur de rester attentif aux mutations esthétiques du présent de son temps, de suivre le courant tout en tenant ses positions. Ainsi, l’engagement, l’exigence qualitative et l’éthique artistique, qui ont construit au fil des années la reconnaissance publique et institutionnelle de Contretype, resteront des valeurs maîtresses. Mais il est important que dorénavant Contretype élargisse ses paradigmes et adopte un point de vue en phase avec les typologies de création de la société actuelle, au risque d’induire une évolution de son positionnement et de ses projets, à commencer par sa programmation artistique.

L’artiste et la création au cœur du projet

À Contretype, l’artiste et la création seront toujours au cœur du projet. Qu’il s’agisse d’expositions, de résidences ou de toute autre action artistique, Contretype souhaite apparaître comme un lieu pour l’expérimentation, être spontanément identifié comme un interlocuteur professionnel de référence pour les artistes et continuer à se positionner comme un acteur dynamique de l’écosystème culturel, à Bruxelles et en Belgique. Alors, plus que jamais, l’artiste et la création doivent être au cœur de son projet. La nouvelle programmation artistique de Contretype commence avec l’exposition ARCHIPEL_0, édition-pilote d’un projet dédié à la création émergente, qui sera récurrent chaque année et grâce auquel Contretype affirme sa mission première d’accompagnement artistique. Plus qu’une exposition collective, ARCHIPEL_0 présente en 6 accrochages individuels les démarches de 6 jeunes artistes de moins de 40 ans acti.f.ve.s sur la scène belge, sélectionné.e.s suite à un appel à candidatures largement diffusé. Il s’agit de donner à voir une photo (partielle!) de ce qui se joue ici et maintenant dans le monde de l’image, de donner à voir comment ici et maintenant l’image s’adresse au monde, au travers d’un éventail d’esthétiques et d’approches singulières. Le comité d’expert.e.s réuni par Contretype pour choisir les participant.e.s à ARCHIPEL_0 a sélectionné Aliki Christoforou, Théodore Bauthier, Bénédicte Blondeau, Aurélien Goubau, Marcel Top et Lyoz Bandie.

La création au cœur du monde

Les œuvres de ces 6 artistes dressent une cartographie des préoccupations de leur époque et des représentations qu’elles leur inspirent. 
Dans une perspective élargie de l’écologie qui abolit les distinctions entre l’humain et le non-humain, Aliki Christoforou interpelle les publics sur les violences, écologiques et humaines, qui bouleversent tragiquement la Mer Méditerranée et viennent modifier la perception dans l’imaginaire de cet espace mythique de naissance de la civilisation occidentale. Théodore Bauthier s’est intéressé aux transformations humaines et environnementales d’une région d’Albanie livrée au développement sauvage d’un projet industriel, qui perturbe violemment un écosystème humain, social et écologique aussi ancien que fragile. Avec sa série Ondes, Bénédicte Blondeau offre au regard une fascinante observation des éléments, d’interstices de la matière ou d’artefacts lumineux, autant d’instants et d’expériences du vivant qui font résonner des états indicibles de corps et de pensée. Dans cette Russie devenue aujourd’hui un lieu brûlant d’attention et d’inquiétude, Aurélien Goubau a partagé avec les habitant.e.s de Mourmansk la longue nuit du Grand Nord et leur besoin effréné de lumière. Marcel Top s’est infiltré dans le flux des images Instagram et dans le monde des algorithmes pour interroger la menace d’insécurité qui plane sur les démocraties régentées par des systèmes de surveillance. Enfin, Lyoz Bandie, en plein processus de transition de genre, partage sa quête d’un nouveau prénom et les affects qui l’accompagnent, prénom grâce auquel iel pourra assumer une nouvelle personnalité intime et sociale.

Adoptant des formes documentaires, jouant avec les esthétiques, bousculant l’ordre d’une pensée attendue logique et linéaire, usant de l’objectivité ou au contraire d’une poésie toute subjective, ces artistes traduisent des interrogations qui nous sont posées aujourd’hui. C’est à cette connexion de chaque instant avec le monde, ses turbulences et ses tremblements, mais aussi ses attentes et ses espoirs, et dans une conscience aiguë de ce que l’image, en perpétuelle évolution, peut permettre, qu’aspire le nouveau Contretype : une relation étroite entre actualité de la création, engagement esthétique et regard critique.

Olivier Grasser
Directeur de Contretype

Le comité d’experts réuni par Contretype est composé de:

  • Emmanuel d’Autreppe, auteur et enseignant (ESA Saint-Luc Liège), organisateur d’expositions, collaborateur à L’image sans nom et aux éditions du Caïd

  • Jean-Marc Bodson, photographe, critique spécialisé en photographie à La Libre Belgique et commissaire d’exposition indépendant

  • Nathalie Giraudeau, directrice du Centre Photographique d’Île-de-France (CPIF) à Pontault-Combault

  • Olivier Grasser, directeur de Contretype

  • Danielle Leenaerts, directrice adjointe à l’ESA Saint-Luc (Bruxelles) et chargée de cours en histoire et esthétique de la photographie à l’ULB

  • Lucas Leffler, artiste-auteur dans le domaine photographique

  • Juliette Roussel, Présidente de Contretype


Aliki CHRISTOFOROU Seascapes (marées rouges 2022)

La Méditerranée, cette mer dans laquelle nous nous baignons, insouciants, est la route migratoire la plus meurtrière au monde. Mais il n’y a pas uniquement le sang qui teinte ses eaux. Sous la surface, les excès d’effluents urbains provoquent la prolifération d’algues, souvent appelées «marées rouges», car elles provoquent une décoloration de l’eau et lui donne un aspect pourpre. Des couches denses de phytoplanctons envahissent ainsi la surface de l’eau, bloquant la lumière du soleil et appauvrissant l’oxygène, créant des zones hypoxiques. Ces zones sont aussi souvent appelées zones mortes, car les faibles concentrations d’oxygène les transforment en zones de mortalité massive.

Seascapes (marées rouges) est une série de tirages photographiques à la gomme bichromatée de la mer Méditerranée.

La gomme bichromatée est un procédé datant du début du XXème siècle qui consiste à étendre sur un support une émulsion contenant des pigments sur laquelle est insolé un négatif par contact grâce à des lampes UV. L’épreuve est ensuite lavée et dépouillée dans un bac d’eau. Cette opération, réalisée plusieurs fois, permet à l’image d’acquérir une gamme de tons et une profondeur. Pour Seascapes (marées rouges), les pigments ont été remplacés par du sang humain. Un lien se crée entre la matière des images et les histoires qu’elles donnent à voir et invite à une actualisation du regard que l’on porte sur cet espace maritime meurtri.

Inspirée par la thèse d’Ala Tannir “Blood in the water”, cette série fait partie d’un travail au long cours qui propose un glissement de perception sur la Méditerranée en composant avec les différentes formes de violence qui la modifient fondamentalement. Ces violences s’inscrivent dans une perspective élargie de l’écologie qui abolit les distinctions entre l’humain et le non-humain et dans laquelle les champs sociaux et environnementaux sont considérés comme des assemblages complexes et inséparables.

Website : alikichristoforou.com

Les lauréat·es


Théodore BAUTHIER Vjosa Lumi

La Vjosa est un fleuve du sud de l’Albanie de deux cent septante-deux kilomètres qui prend sa source dans la région de l’Épire en Grèce et qui traverse l’Albanie pour se jeter dans la mer adriatique. Son court n’étant interrompu par aucune infrastructure humaine, la Vjosa est considérée comme le dernier grand fleuve sauvage d’Europe.
Devant la consommation croissante en électricité et dans une volonté d’indépendance énergétique, un schéma d’aménagement hydroélectrique à grande échelle est en développement dans les États des Balkans, région surnommée “le Cœur Bleu de l’Europe” de par son grand nombre de rivières et de fleuves sauvages.
La topographie accidentée et l’abondance des cours d’eau de montagne dotent la péninsule d’un haut potentiel pour l’exploitation de l’énergie « bleue ». En plus des mille cinq cents centrales hydroélectriques qui opèrent déjà dans les Balkans, les promoteurs de barrages affirment qu’une importante augmentation du nombre de centrales est nécessaire pour répondre à la demande.
Théodorebauthier.insta


Lyoz BANDIE La peau du prénom

La peau du prénom a été le constat vertigineux que j’ai fait un jour. Ou plutôt, je n’en avais plus. L’ancien était comme un vieux pull moche de famille qu’on nous oblige à porter. Il était démodé, trop grand, trop petit, trop serré, étouffant. Trop féminin. Un nom, c’est genré, un nom ça raconte une histoire, un nom, on peut en changer. En changer. Oui mais lequel ? Comment choisir ? Cinq noms se succèdent et sont des identités passées, potentielles, attribuées ou appropriées. La peau du prénom est l’histoire de ma poursuite obsessionnelle d’un nouveau prénom, étape essentielle à mon cheminement et ma transition sociale.

C’est le témoin d’un questionnement de genre, qui d’une forme plurielle et éclectique, raconte un parcours queer non binaire.
Une histoire intime et sensible, un coming out, un plongeon entre les genres, invitant chacun.e à interroger cette construction sociale.

lyozbandie.insta


Bénédicte BLONDEAU Ondes

Ondes s’intéresse aux vagues d’énergie qui modulent nos existences tout en en dépassant les limites, échappant ainsi à notre capacité à les percevoir pleinement. Ce projet est né d’une période très spéciale de ma vie lors de laquelle deux événements qui semblaient d’abord se situer aux antipodes l’un de l’autre - à savoir la mort de mon père et la gestation de mon premier enfant - sont survenus presque simultanément, de sorte qu’il me fut impossible de ne pas en percevoir les similitudes, notamment dans leur connexion avec une dimension qui dépasse notre entendement.

À partir de cette expérience, je me suis mise en quête des traces de ces ondes énergétiques et des altérations qu’elles ont laissées dans le paysage: anciens glaciers, grottes ou terres volcaniques - dont la genèse est intimement liée à la destruction de ce qui existait autrefois - que j’ai ensuite associées à des enregistrements visuels réalisés à partir d’ultrasons, à savoir des échogrammes. Le projet qui en résulte consiste en une série d’images qui, tout en suggérant le passage d’un état à un autre, invite à considérer ces phases non pas comme des entités séparées, mais plutôt comme une continuité, même si nos sens ne nous permettent pas de la percevoir pleinement. D’un point de vue plus large, Ondes est une recherche qui porte sur notre connexion à l’endroit d’où nous venons et où nous retournerons, qui nous relie à des temps immémoriaux, au début de toute forme de vie mais aussi au cosmos, dans une vision où tout est entrelacé et interdépendant, faisant également écho aux derniers développements de la physique quantique qui montrent que rien n’est solide et qu’au-delà du tangible et du matériel, il y a l’énergie. Ondes présente une vision du réel qui n’oublie pas que le réel renvoie aussi à ce qu’on ne voit pas. C’est une exploration des éléments basée sur le principe que tout est en perpétuelle transformation, que nous soyons capables de le percevoir ou non. La série Ondes illustre le fait que mon travail photographique est une invitation à interroger le regard que nous portons sur les choses, à prendre de la distance pour questionner le réel et, pourquoi pas, à changer la perspective à partir de laquelle nous le considérons.
Website : www.benedicteblondeau.com


Aurélien Goubau - Znamya

À l’heure où les ponts se coupent avec la Russie et où il est de plus en plus difficile de se projeter dans l’état d’esprit de la population russe actuelle, il est important, je pense, de rester en contact avec elle. C’est ce qui me motive à présenter ce travail à Contretype. Cette série, achevée en février 2022, est une porte d’entrée dans les foyers russes. Le moment de cette exposition coïncidera avec le premier anniversaire de l’invasion de la Russie, et offrira donc une perspective à la fois historique et, je l’espère, future. Mourmansk se trouve à l’extrême nord-ouest de la Russie, au milieu du désert arctique, une ville à l’aura mystérieuse qui vit en partie dans l’obscurité.

Mourmansk incarne l’utopie du Grand Nord. Les Soviétiques ont été envoyés pour construire leur destin et domestiquer l’Arctique russe. Mais après l’éclatement de l’Union soviétique, Mourmansk, qui n’a pas eu recours aux politiques de développement volontaristes du Grand Nord, a vu sa population chuter de façon spectaculaire. Mourmansk est la plus grande ville de l’Arctique, et si l’origine de sa construction est une question stratégique, son expansion ne repose pas sur des bases rationnelles. Il était considéré que le développement de cet espace était un phénomène positif. Repousser les frontières et défier la nature faisait partie de la mentalité expansionniste de l’URSS.

Bien que sa population ait diminué depuis son apogée, Mourmansk revêt toujours une grande importance militaire pour la Russie. Elle abrite une grande concentration d’installations et de villes militaires secrètes, ainsi que des armes nucléaires et des chantiers navals de sous-marins. Attiré par la nuit polaire et les secrets de cette région de Russie, je suis allé à Mourmansk. Indépendamment des questions géopolitiques actuelles, j’ai été guidé par les rencontres, en plein cœur des immeubles d’habitation de l’ère soviétique. Je voulais vivre la nuit, la pénétrer complètement et m’y abandonner avec les personnages qui vivent dans l’obscurité. Les habitant.e.s de l’obscurité de Mourmansk semblent liés à la nuit et indirectement au destin de leur pays. Loin du pouvoir de Moscou, de nombreuses personnes se considèrent comme des victimes des politiques de Poutine, et il semble y avoir une déconnexion entre les plans militaires des autorités d’une part et la vie quotidienne des citoyen.ne.s d’autre part. C’est au cœur de ces foyers russes que se révèle l’identité de cette population. La nuit agit comme un filtre, nous permettant de ne découvrir que l’essentiel. Ces images nous confrontent à l’image de la population russe d’aujourd’hui, son histoire, ses mystères, sa tendresse, ses faiblesses et aussi ses rêves.

Website : aureliengoubau.net


Marcel TOP - Sara Hodges

Avec le projet Sara Hodges, il traite de la sécurité de la démocratie dans une société dominée par la surveillance. La récente réponse du gouvernement américain aux mouvements sociaux a mis en lumière une nouvelle tendance inquiétante dans le tourbillon de 2020 d’augmentation de la contestation et du nombre de manifestations dans tout le pays. Le durcissement des lois a autorisé de manière extraordinaire l’utilisation des technologies avancées de surveillance. Les technologies de reconnaissance faciale et d’accès aux données individuelles ont permis à la police de pouvoir suivre, cibler et surveiller n’importe quelle personne participant à un mouvement de protestation ou interagissant avec ce mouvement sur les réseaux sociaux. Dans certains cas, cela a conduit à l’arrestation de personnes à cause de ce qu’elles avaient écrit online. Aujourd’hui, les policiers américains sont autorisés à surveiller des manifestant.e.s ou des contestataires par le biais de leurs communications téléphoniques et de leur compte sur les réseaux sociaux, en les listant selon les données prélevées.
Avec le projet Sara Hodges, Marcel Top interroge l’usage courant de ces technologies et expose la menace potentielle qu’elles représentent. Sara Hodges est un citoyen ou citoyenne américain.e fictionnel.le généré.e par un algorithme. Pour créer ce faux personnage online, Top a rassemblé plus de 50.000 posts qui utilisaient le hashtag #Iloveamerica. En utilisant le même hashtag, il a aussi prélevé 35.363 tweets. Il a ensuite analysé 17.000 profils Instagram et rassemblé tous leurs posts, constituant au total un ensemble de plus de 1,5 million d’images utilisées comme base de données pour générer, grâce à l’intelligence artificielle, de nouvelles images qui n’existent pas. Pour éditer le visage du citoyen américain parfait, Marcel Top a collecté 3.620 images de profils, que l’intelligence artificielle a amalgamées et à partir desquelles elle en a généré de nouvelles. Plus le processus est long, plus les résultats sont réalistes. Le visage « idéal » a été mis à jour après plus de 20.000 étapes de travail. Il s’agit d’une femme blanche adulte dont le nom artificiellement généré est Sara Hodges. Pour inventer une existence au visage de Sara Hodges, Marcel Top a créé un profil Instagram (@sarahodges1973), ainsi qu’une biographie également générée artificiellement. Née du hashtag #iloveamerica, Sara Hodges est ainsi la résultante de milliers de personnes partageant en ligne leur admiration pour leur pays. L’existence en ligne de Sara Hodges est le reflet de la présence en ligne d’autres personnes ordinaires qui, selon les technologies de surveillance, représentent le parfait citoyen américain. Chacun des aspects de Sara Hodges sur les réseaux sociaux est généré artificiellement, jusqu’aux images partagées sur son profil Instagram. Pour donner sens à ce que pourrait être sa vie, Marcel Top a créé de nouvelles images. Grâce à l’ordinateur, il a divisé les 1.5 millions d’images qu’il avait initialement amassées en 17 macro-catégories (voiture, chien, enfant, fleur, arme...). Ces sujets étaient les plus populaires parmi les 17.000 profils Instagram qu’il a analysés. Il a généré de nouvelles images pour chaque catégorie. Une fois effective la présence en ligne de Sara Hodges, Marcel Top l’a amenée dans le monde réel. Grâce à la technologie, il a pu transformer son portrait en 2d en un modèle 3d de son visage, principalement grâce aux points nodaux qui sont utilisés par les logiciels de reconnaissance faciale. Grâce à une imprimante 3d, le modèle a été transformé en un masque de silicone que tout un chacun pourrait utiliser. En rendant « vivant » ce.tte citoyen.ne idéal.e, Marcel Top espère créer un outil de revendication et d’exercice du droit individuel à l’expression, sans peur d’être reconnu et suivi online. Ceci dit, opposer une résistance aux technologies de traçage n’est pas le seul objectif de la présence en ligne de Sara Hodges. Sara Hodges est le produit moyen d’un grand nombre de personnes qui sont « propres », du point de vue des systèmes de surveillance. Ainsi, sa présence en ligne est aussi un avertissement, le symbole d’une société qui ne laisse aucun espace à ceux dont l’opinion n’est pas compatible avec celle du gouvernement.

Dans le futur des Etats-Unis d’Amérique, alors que les gouvernements changeront certainement, il est probable que les technologies de surveillance demeureront, au moins inchangées si ce n’est améliorées. Les menaces qu’elles font planer sur une démocratie qui soit libre n’est pas à chercher dans les outils eux-mêmes mais dans les personnes et les sociétés derrière eux.

Website : marceltop.com